Cette correspondance est un document exceptionnel d’une amitié
stellaire entre l’artiste Anna Waisman et l’homme de pensée, André
Neher.

Il raconte à la fois la
solitude d’une femme, en butte à l’incompréhension de ses contemporains,
car différente, libre et, sans doute, en avance sur son temps, et son
dialogue d’une extraordinaire liberté et authenticité avec un grand
penseur du judaïsme à l’écoute de ses intuitions.

Anna Waisman est un personnage hors du commun. Impossible, en la
lisant, de ne pas tomber sous le charme de sa personnalité et de ne pas
être impressionné par sa force de caractère. Elle a été accompagnée
pendant plus d’un quart de siècle par l’amitié indéfectible d’André et
Renée Neher, qui la soutiendront en toutes circonstances, comprenant
d’emblée la valeur de cette femme et de son travail. Leur bienveillance
devient une oasis qui aidera Anna dans sa longue traversée du désert.

Pourquoi publier aujourd’hui cette correspondance, préparée par Rina
Neher et dont la parution fut souhaitée également par Anna Waisman ?
Pourquoi avoir attendu 35 ans après la mort d’André Neher et 28 ans
après celle d’Anna Waisman en 1995 ? Peut-être fallait-il avoir le recul
nécessaire pour mesurer l’intemporalité et l’actualité des échanges
d’Anna Waisman avec les époux Neher. L’époque que nous vivons est celle
de la découverte et redécouverte de nombreuses artistes femmes,
injustement maintenues dans l’obscurité. C’est le Kairos, ou le temps opportun pour les femmes.

Farouchement autodidacte, Anna Waisman (1928-1995) a pris la
sculpture à bras-le-corps à partir de la fin des années cinquante, pour
composer, pendant plus de trente ans, les « lettres » personnelles d’un
alphabet hébraïque, d’où elle a fait surgir les infinités de sens
contenues dans ses formes, ses repliements, ses envolées.